Productivité et innovation : les clés pour dynamiser le secteur privé marocain (BM et Observatoire)
Le secteur privé marocain se trouve à un tournant décisif. Un rapport conjoint de l’Observatoire marocain de la très petite, petite et moyenne entreprise (OMTPME) et de la Banque mondiale révèle que, malgré les importantes réformes structurelles, le secteur peine à accroître sa productivité et à se développer à la hauteur des ambitions économiques du Royaume. Ce diagnostic met en lumière des inefficacités persistantes et formule des recommandations pour stimuler la croissance, l'innovation et la compétitivité.
Productivité et innovation : les clés pour dynamiser le secteur privé marocain (BM et Observatoire)
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Badr Elhamzaoui
Le 15 octobre 2024 à 18h02
Modifié 15 octobre 2024 à 18h59Le secteur privé marocain se trouve à un tournant décisif. Un rapport conjoint de l’Observatoire marocain de la très petite, petite et moyenne entreprise (OMTPME) et de la Banque mondiale révèle que, malgré les importantes réformes structurelles, le secteur peine à accroître sa productivité et à se développer à la hauteur des ambitions économiques du Royaume. Ce diagnostic met en lumière des inefficacités persistantes et formule des recommandations pour stimuler la croissance, l'innovation et la compétitivité.
Selon le rapport "Libérer le potentiel du secteur privé marocain : analyse de la dynamique des entreprises et de la productivité", le Maroc doit relever des défis structurels importants pour que son secteur privé puisse jouer pleinement le rôle qui lui est assigné dans le cadre du Nouveau Modèle de développement (NMD). Ce dernier ambitionne, d'ici 2035, de doubler le revenu par habitant et d'accroître substantiellement la proportion d'emplois formels. Cependant, les récentes tendances montrent que, malgré une série de réformes et d’interventions pour améliorer l'environnement des affaires, les résultats en termes de productivité et de dynamisme entrepreneurial demeurent modestes.
L’un des constats majeurs du rapport est la lente croissance des entreprises marocaines. Si la densité des entreprises formelles a augmenté ces dernières années, notamment grâce à un taux d’entrée élevé et à des procédures simplifiées pour la création d’entreprises, la majorité des unités restent de très petite taille. Près de 86% des emplois privés formels au Maroc sont concentrés dans des entreprises de moins de 10 salariés, contre une moyenne de 35% dans les pays de l'OCDE. De plus, les entreprises tendent à croître très lentement avec l'âge, et leur taille moyenne, même après dix ans d’activité, ne dépasse pas 26 employés. Cette dynamique de faible croissance limite la capacité de ces entreprises à contribuer de manière significative à l'emploi et à l'innovation.
L'autre point crucial mis en avant par le rapport est la faible densité d'entreprises à forte croissance (EFC), appelées aussi "gazelles", qui sont généralement des moteurs de création d’emplois dans les économies dynamiques. La rareté de ces entreprises au Maroc freine l'émergence de grandes structures capables de concurrencer les acteurs historiques, créant ainsi un environnement économique peu compétitif.
Le rapport souligne que, bien que les politiques publiques aient facilité la formalisation des entreprises, cela n’a pas suffi à soutenir une augmentation significative de la productivité. En effet, les nouvelles entreprises formalisées affichent souvent des niveaux de productivité inférieurs, ce qui tire vers le bas la moyenne du secteur formel.
De plus, l'allocation inefficiente des ressources constitue un frein important à l'amélioration de la compétitivité. Les entreprises marocaines les plus productives sont souvent trop petites, tandis que les entreprises plus anciennes et de grande taille, moins productives, continuent de dominer le marché. Cette inefficience allocative est particulièrement visible dans le secteur industriel où la baisse de la productivité du travail est accentuée par un manque de modernisation du capital physique et un faible niveau d'adoption des technologies innovantes.
À l’inverse, le secteur des services a bénéficié d’une réallocation modeste mais positive de la main-d'œuvre vers des entreprises plus productives, contribuant ainsi à une légère hausse de la productivité.
L’accès au financement est également identifié comme un problème structurel majeur. Bien que le secteur financier marocain soit relativement développé, l’accès au crédit reste inégal, favorisant les grandes entreprises établies au détriment des nouveaux entrants. Ce manque de financement pour les petites et moyennes entreprises (PME) freine leur expansion et leur capacité à innover, réduisant ainsi le potentiel global de croissance du secteur privé.
Face à ces défis, le rapport propose plusieurs pistes de réformes. Il recommande notamment de :
- renforcer l’environnement concurrentiel, en facilitant l’accès des entreprises productives, jeunes et petites, aux ressources nécessaires pour leur expansion ;
- améliorer les procédures de faillite et de liquidation, afin de permettre une sortie plus facile des entreprises inactives, tout en évitant qu’elles ne créent des inefficacités dans le tissu économique ;
- encourager une réallocation plus efficiente des ressources dans les secteurs à forte valeur ajoutée, notamment les services, tout en soutenant la modernisation du secteur industriel ;
- repenser les incitations fiscales, afin d'éviter que certaines entreprises ne restent volontairement petites pour échapper à certaines obligations fiscales ou administratives.
Le rapport souligne que pour que le Maroc atteigne ses objectifs de développement, il est indispensable de stimuler la productivité du secteur privé en s’attaquant aux distorsions du marché qui freinent la compétitivité.
Des réformes structurelles supplémentaires, combinées à un environnement propice à l’innovation et à la croissance des entreprises, sont essentielles pour libérer tout le potentiel de ce secteur crucial à la création d’emplois et à la transformation économique du pays.
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