La taxe carbone devrait améliorer le solde budgétaire de 0,8% du PIB du Maroc (OCDE)

Le Maroc s'apprête à franchir une nouvelle étape dans sa transition énergétique avec la mise en place d'une taxe carbone, un outil incontournable pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et, à terme, la neutralité carbone d'ici 2050. Le récent rapport de l'OCDE explore les différents aspects de cette ambition et souligne les acquis nécessaires pour y parvenir. Détails.

La taxe carbone devrait améliorer le solde budgétaire de 0,8% du PIB du Maroc (OCDE)

Le 13 septembre 2024 à 11h08

Modifié 13 septembre 2024 à 16h29

Le Maroc s'apprête à franchir une nouvelle étape dans sa transition énergétique avec la mise en place d'une taxe carbone, un outil incontournable pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et, à terme, la neutralité carbone d'ici 2050. Le récent rapport de l'OCDE explore les différents aspects de cette ambition et souligne les acquis nécessaires pour y parvenir. Détails.

Comparativement à d’autres pays, le Maroc accuse un retard dans la mise en œuvre d'une taxe carbone et l’instauration d’un prix du carbone qui sont des étapes cruciales pour renforcer l’économie marocaine et réussir la transition énergétique.

Considérée comme l’un des outils les plus efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en favorisant une transition écologique, la taxe carbone ne se limite pas au seul impact environnemental ; elle constitue également une opportunité précieuse de financement pour des projets verts, tout en contribuant à la réforme fiscale.

Dans le même sens, le récent rapport de l’OCDE sur l’économie marocaine souligne l'importance de cette taxe pour aider le pays à diversifier ses sources de revenus et à relever les défis économiques à long terme.

Voici les principaux points à retenir :

Les ambitions climatiques du Maroc

Le Maroc, par le biais de sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) actualisée en 2021, s’est engagé sur la voie de la réduction des émissions de carbone avec des objectifs ambitieux. Il prévoit de réduire ses émissions de 45,5% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2010, et aspire à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Ce virage écologique s’inscrit dans une stratégie nationale qui repose sur le développement des énergies renouvelables, en particulier la solaire et l'éolienne, en remplacement progressif des sources d’énergie fossiles.

Cependant, la transition énergétique pose des défis de taille. Il s'agit non seulement de concilier la réduction des émissions avec le maintien de la croissance économique, mais aussi de gérer les implications sociales de cette transformation. L’un des leviers clés pour réussir cette transition est l’instauration d’une taxe carbone.

L'instauration d’une taxe carbone : un passage obligé

La mise en place d'une taxe carbone est cruciale. Elle permettrait d'attribuer un coût aux émissions de CO2, incitant ainsi les entreprises et les ménages à adopter des pratiques plus durables. En orientant l’économie marocaine vers des activités à faible émission de carbone, la taxe favoriserait des comportements responsables tout en générant des revenus pour financer la transition écologique.

Toutefois, cette mesure pourrait avoir des répercussions sociales importantes, notamment sur les ménages les plus vulnérables et certaines entreprises. Pour atténuer ces impacts, il est nécessaire de prévoir un accompagnement pour les secteurs les plus touchés. Des incitations fiscales et un soutien technologique doivent également être mis en place pour encourager les entreprises à adopter des technologies plus propres.

Les réformes nécessaires

Outre la taxe carbone, une réforme plus large de la fiscalité verte est indispensable. Une augmentation progressive des taxes sur le gazole et d'autres carburants fossiles, par exemple, pourrait non seulement réduire les émissions, mais aussi générer des recettes supplémentaires pour financer la transition énergétique. Ces recettes, estimées à environ 1,4 à 1,5% du PIB, pourraient être réinvesties dans des projets d’énergies renouvelables et d'amélioration de l'efficacité énergétique.

En parallèle, un alignement progressif des taxes sur les carburants contribuerait à réduire les émissions du secteur des transports tout en encourageant le recours à des véhicules moins polluants. La transition énergétique nécessite également une modernisation des infrastructures. La dissociation des activités de production et de transport de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) est un projet crucial pour ouvrir le marché aux énergies renouvelables. Cette réforme renforcerait la compétitivité du marché énergétique et favoriserait l’entrée de nouveaux producteurs d’énergies vertes.

De plus, la mise en place de tarifs horaires pour l’électricité, qui permettrait une meilleure gestion des pics de consommation, ainsi que la réduction progressive des subventions au butane, font partie des mesures nécessaires pour accélérer cette transition.

Par ailleurs, la réalisation des objectifs de neutralité carbone au Maroc repose en grande partie sur les investissements privés. Selon les prévisions, plus de 85% des financements nécessaires à la transition énergétique proviendront du secteur privé. Le gouvernement a ainsi pour mission de combler les lacunes de financement et de mettre en place un cadre favorable à la mobilisation des capitaux, tout en garantissant une gestion durable et équitable des ressources.

Les secteurs les plus concernés par la transition

Le secteur du transport, responsable de 28% des émissions du pays, pourrait devenir une source majeure de croissance des émissions dans les années à venir, notamment avec l'urbanisation croissante et l'augmentation de la demande en véhicules individuels. Pour limiter cet impact, une révision des droits d’accise sur les carburants, en particulier sur le gazole, actuellement taxé à un niveau inférieur à celui de l’essence, est nécessaire, bien qu’il contribue de manière disproportionnée à la pollution de l'air.

De plus, l’adoption des normes Euro 6 en 2023 marque une avancée dans la réduction des émissions des véhicules neufs, mais le parc automobile vieillissant du Maroc nécessite une modernisation progressive. Une révision des normes d'émission pour les véhicules en circulation ainsi que des investissements dans les transports publics sont également essentiels pour limiter les émissions dans le futur.

Un impact potentiel sur les exportations

Une taxe carbone bien calibrée pourrait aussi aider le Maroc à se préparer aux nouvelles règles du commerce international, notamment avec l’Union européenne, principal partenaire économique du Royaume. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’UE, qui impose une tarification sur les importations en fonction de leur empreinte carbone, aura un impact direct sur 15% des exportations marocaines, notamment dans des secteurs comme la sidérurgie. En rapprochant sa politique de celle de l’Union européenne, le Maroc pourrait non seulement protéger ses industries stratégiques, mais aussi éviter des sanctions commerciales coûteuses.

-oOo-

Le Maroc fait face à un virage décisif dans sa transition énergétique. L’instauration d’une taxe carbone, couplée à des réformes structurelles, constitue un enjeu central pour la réalisation des objectifs climatiques. Toutefois, la réussite de cette transition dépendra de la capacité du Royaume à concilier les impératifs écologiques avec les besoins de croissance et de justice sociale.

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