Nouvelle flambée des cas de rougeole dans la province de Chichaoua

L'épidémie de rougeole, connue localement sous le nom de "bouhamron", une maladie hautement contagieuse, a récemment causé la mort de sept enfants et d'une femme dans la province de Chichaoua, provoquant une vive inquiétude dans plusieurs régions. Cette situation alarmante a déclenché des appels pressants à intensifier les campagnes de vaccination, d'autant plus que le taux de couverture vaccinale dans certaines zones, comme le Souss-Massa, est tombé à un niveau inquiétant (50%), bien en deçà des 95% nécessaires pour prévenir la propagation du virus.

Nouvelle flambée des cas de rougeole dans la province de Chichaoua

Le 11 août 2024 à 10h37

Modifié 11 août 2024 à 10h37

L'épidémie de rougeole, connue localement sous le nom de "bouhamron", une maladie hautement contagieuse, a récemment causé la mort de sept enfants et d'une femme dans la province de Chichaoua, provoquant une vive inquiétude dans plusieurs régions. Cette situation alarmante a déclenché des appels pressants à intensifier les campagnes de vaccination, d'autant plus que le taux de couverture vaccinale dans certaines zones, comme le Souss-Massa, est tombé à un niveau inquiétant (50%), bien en deçà des 95% nécessaires pour prévenir la propagation du virus.

Le virus de la rougeole, hautement contagieux, a causé la mort de sept enfants et d'une femme, selon des sources locales. Face à cette situation alarmante, les citoyens et les associations de la société civile appellent à intensifier les campagnes de vaccination pour contenir la propagation du virus et réduire son taux de transmission.

La Fédération des associations de Sksawa a publié un communiqué dénonçant "l'absence de mesures concrètes sur le terrain, ainsi que les activités de surveillance épidémiologique et les campagnes de vaccination". Le communiqué critique également la "politique de sourde oreille adoptée par la délégation provinciale du ministère de la Santé et de la protection sociale à Chichaoua, ainsi que l'inaction des conseils élus et leur manque de sérieux dans la réponse aux appels de la société civile et aux demandes des citoyens pour la fourniture de services de santé et l'accès aux soins".

Une flambée similaire des cas de rougeole avait été constatée entre septembre 2023 et mars 2024 dans la région de Sous-Massa, due à une baisse du taux de couverture vaccinale en 2023 qui n'était que de 75% (et 77% pour les premières doses), tandis qu'en 2016, ce taux atteignait 97% (et 100% pour les premières doses). Cette baisse du taux de couverture vaccinale a été constatée à partir de 2020. Durant cette période, plusieurs parents n'ont pas pu vacciner leurs enfants en raison du confinement.

Vacciner plus de 95% de la population

Contacté par nos soins, Dr. Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, nous livre son analyse de la situation actuelle.

Pour comprendre ce qui s'est passé dans des provinces du sud, Souss Massa, Chichaoua et Tinghir, il faut rappeler quelques éléments de la maladie. La rougeole est une maladie virale à transmission respiratoire, par les gouttelettes. Elle affecte le système respiratoire, digestif, les yeux, et peut atteindre le cerveau, ce qui peut entraîner la mort. C'est une maladie très contagieuse. La rougeole est la maladie la plus contagieuse. Une personne infectée, notamment un enfant, peut transmettre la maladie à une vingtaine de personnes de son entourage, surtout si ces personnes ne sont pas vaccinées. C'est une maladie qui touche surtout les enfants, mais aussi les adultes. Les enfants sont particulièrement à risque s'ils ne sont pas vaccinés, car ils attrapent la maladie très facilement. Même en respectant les mesures barrières, cela ne suffit pas si on n'est pas vacciné, car le virus de la rougeole est extrêmement contagieux.

Les adultes non vaccinés qui n'ont pas contracté la rougeole pendant leur enfance sont également à risque. Les générations les plus âgées, même sans vaccination généralisée, nous avons tous attrapé la rougeole dans notre enfance, ce qui nous confère une certaine immunité. Mais pour les personnes âgées de 18 à 30 ans, qui sont nées dans un Maroc où la vaccination était plus répandue, deux situations se présentent : soit elles ont été vaccinées, soit elles ne l'ont pas été et n'ont pas contracté la maladie, car le virus circulait moins grâce à la vaccination.

Actuellement, nous avons des adultes qui, s'ils n'ont pas été vaccinés pendant leur enfance, n'ont pas contracté non plus la maladie et sont donc susceptibles de la développer. Cependant, les enfants restent les plus exposés au virus. Pour les protéger, il faut les vacciner avec deux doses, car une seule dose ne suffit pas. Si l'on n'est pas vacciné avec deux doses, on n'est pas protégé. Pour protéger son enfant, il faut donc administrer deux doses.

Pour protéger la population et empêcher la circulation du virus, il faut vacciner plus de 95% de la population. Pourquoi 95% ? Parce que ce chiffre est basé sur le taux de reproduction du virus de la rougeole, qui est de 16 à 18. Si l'on fait les calculs, on obtient 95% comme seuil qui permet d'arrêter la propagation. Lorsqu'on a moins de 95% de la population vaccinée, on observe des foyers de contagion, des clusters et des épidémies. En revanche, avec plus de 95% de la population vaccinée, même si une personne contracte la rougeole, elle ne la diffuse pas, car elle est entourée de personnes immunisées.

Les États-Unis, le Canada, et l'Europe ont connu avant nous une recrudescence des cas de rougeole. Pourquoi ? Parce que dans ces pays riches et bien vaccinés, la rougeole avait presque disparu, les gens ne voyaient plus d'enfants malades ou mourant de rougeole, donc ils ont fini par oublier l'importance de cette vaccination. Le taux de couverture vaccinale a donc baissé, ce qui a conduit à une recrudescence des cas. Au Maroc, le ministère de la Santé a déclaré au Parlement en mai que, selon une enquête, seulement 50% de la population de Souss Massa était vaccinée contre la rougeole, bien en deçà des 95% nécessaires pour empêcher la circulation du virus. Cette couverture insuffisante explique la recrudescence des cas que nous avons observée. Le ministre de la Santé a également signalé une couverture vaccinale insuffisante dans d'autres régions du Maroc.

Pourquoi cela s'est-il produit ? Est-ce que les parents n'ont pas amené leurs enfants à la vaccination ? Est-ce que le système de santé n'a pas pu assurer la couverture vaccinale pour une raison ou une autre ? Le ministère de la Santé devra publier les résultats pour mieux comprendre. Cela dit, ce qui se passe actuellement est le résultat inéluctable d'un taux de couverture vaccinale largement insuffisant pour protéger la population, et pas seulement les individus.

Interrogé sur les défis de la vaccination à grande échelle, Dr. Hamdi rappelle qu'elle est la seule solution qui peut faire barrière aux épidémies. Parce que les mesures barrières, l'hygiène et autres, malheureusement, face à un virus aussi contagieux et contaminant, ne suffisent pas. La vaccination à grande échelle vise à atteindre un taux de couverture de 95%. Pour protéger mon enfant, je dois vérifier son calendrier vaccinal : a-t-il reçu les deux doses de vaccin contre la rougeole ? S'il ne les a pas reçues, il faut le vacciner. La protection de la population passe également par une couverture vaccinale de 95%. Le ministre de la Santé a déjà lancé une campagne de vaccination de rattrapage il y a plusieurs semaines, et il est crucial de continuer, surtout dans les régions où la couverture vaccinale est insuffisante. Le ministre de la Santé a déclaré que d'autres régions du Maroc connaissent également une insuffisance vaccinale, ce qui les expose aux mêmes risques.

Le deuxième défi concerne les enfants qui n'ont pas reçu leurs vaccins contre la rougeole. Il est probable qu'ils n'aient pas non plus reçu d'autres vaccinations importantes, comme celles contre la diphtérie, la coqueluche, et la polio. Si les parents n'ont pas fait vacciner leurs enfants contre la rougeole, il est fort probable qu'ils n'ont pas non plus vacciné contre ces autres maladies. Je ne mets pas la responsabilité sur les parents, mais le fait est que ces enfants ne sont pas vaccinés, que ce soit par leur faute ou à cause d'une insuffisance de la couverture vaccinale pour une raison ou une autre. Cela pourrait malheureusement conduire à la résurgence de maladies qui étaient maîtrisées depuis des années.

Le troisième défi, c'est de faire comprendre à la population l'importance de la vaccination. Beaucoup de parents pensent que leurs enfants ne risquent rien, ou que s'ils attrapent la maladie, ils sauront comment la traiter. Malheureusement, cette attitude aggrave encore la situation, mettant l'enfant en danger et favorisant la transmission de la maladie à d'autres personnes. Un enfant malade risque des complications, voire la mort, et peut également transmettre la maladie à d'autres. Ainsi, il est crucial que les parents, les médecins et les professionnels de santé vérifient le calendrier vaccinal des enfants. Tout le monde doit s'assurer que les vaccinations sont à jour, pas seulement contre la rougeole, mais aussi contre d'autres maladies.

Avant même la rentrée scolaire, il faut agir pour éviter que les écoles, qui sont des lieux de brassage important, ne deviennent des foyers de propagation de la maladie. Le cinquième défi est lié à l'après-été. Durant l'été, il y a un brassage entre les régions, et les virus ont circulé partout au Maroc. Si nous n'avons pas une population infantile bien vaccinée avant la rentrée scolaire, nous risquons de faire face à l'émergence de nouveaux foyers de contagion.

Pas de pénurie de vaccins

Pour ce qui est de la disponibilité des vaccins contre la rougeole, Dr. Hamdi affirme qu'il n'y a pas de pénurie. "Les vaccins sont disponibles, y compris à titre gratuit dans les centres de santé. Pour ceux qui vaccinent leurs enfants dans le privé, il n'y a pas de problème de disponibilité, du moins à l'échelle nationale. Il n'a pas été signalé de manque ou de pénurie de vaccins dans une région ou dans une autre. Donc, le problème ne réside pas dans la disponibilité du vaccin, mais plutôt dans le fait que les enfants ne sont pas vaccinés", explique-t-il.

Pourquoi ces enfants n'ont-ils pas été vaccinés ? Est-ce que les parents ne les ont pas amenés pour la vaccination contre la rougeole ? Est-ce qu'une dose a été administrée et on a oublié la seconde pour tout le monde ? Comment se fait-il que nous soyons à seulement 50% de couverture vaccinale contre la rougeole, alors que nous devrions être à 95% ? Comment n'a-t-on pas pu détecter cela ? Ce sont des questions cruciales. Est-ce que les services de santé, les médecins, qu'ils soient dans le privé ou le public, ont négligé la vaccination des enfants ? Est-ce que dans les centres de santé, on n'a pas suffisamment cherché à vacciner les enfants contre la rougeole ? Comment cela a-t-il pu se produire ? Ce sont des questions auxquelles il faut répondre pour redresser la situation.

La grande question reste : comment n'a-t-on pas pu détecter, malheureusement, que nous sommes passés de 95% à 50% de couverture vaccinale dans certaines régions, et que nous avons une insuffisance de couverture dans toutes les régions du Maroc, d'après les déclarations du ministre de la Santé ? Là encore, il y a un travail à faire pour rectifier cette situation.

Le dispositif de la délégation du ministère de la Santé

Face à la propagation continue de la rougeole dans la province de Chichaoua, la délégation du ministère de la Santé et de la protection sociale a mis en place un "large" dispositif sanitaire, rapportent des sources médiatiques.

Ce dispositif s'accompagne d'une vaste campagne de diagnostic pour suivre les cas suspects, parallèlement à une campagne de vaccination ciblant les enfants et les adultes non encore vaccinés contre la rougeole, poursuivent les mêmes sources.

Des unités médicales ont également été déployées dans les différentes communes de la province pour vacciner la population, détecter les cas de rougeole et distribuer les médicaments.

La délégation exhorte les citoyens à conduire toute personne présentant des symptômes de la rougeole dans leur entourage au centre de santé le plus proche pour recevoir les soins médicaux nécessaires.

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