Compte financier 2023. Les IDE ont baissé de 52% par rapport à 2022 (Office des changes)
En 2023, le Maroc a enregistré une évolution significative de son compte financier, marquant une transition importante après plusieurs années de volatilité. Le solde du compte financier, qui affichait un besoin de financement de 26,3 MMDH en 2022, s'est transformé en une capacité de financement de 2,8 MMDH. Cette évolution, bien que prometteuse, s'accompagne de défis persistants, notamment la baisse des flux nets d'investissements directs étrangers (IDE) et des ajustements nécessaires dans les investissements de portefeuille.

Compte financier 2023. Les IDE ont baissé de 52% par rapport à 2022 (Office des changes)
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Badr Elhamzaoui
Le 7 août 2024 à 10h25
Modifié 7 août 2024 à 10h25En 2023, le Maroc a enregistré une évolution significative de son compte financier, marquant une transition importante après plusieurs années de volatilité. Le solde du compte financier, qui affichait un besoin de financement de 26,3 MMDH en 2022, s'est transformé en une capacité de financement de 2,8 MMDH. Cette évolution, bien que prometteuse, s'accompagne de défis persistants, notamment la baisse des flux nets d'investissements directs étrangers (IDE) et des ajustements nécessaires dans les investissements de portefeuille.
Le compte financier du Maroc a connu un redressement notable en 2023. Alors que l'année précédente se caractérisait par un déficit significatif, l'année 2023 a vu le pays dégager une capacité de financement de 2,8 MMDH. Suivant les données du rapport annuel de l'Office des changes, ce retournement de situation est principalement attribuable à une amélioration du solde des autres investissements, qui a connu une augmentation de 29 MMDH, ainsi qu'à une hausse substantielle des avoirs de réserve.
Toutefois, derrière ces chiffres globaux se cachent des tendances complexes et parfois inquiétantes, en particulier en ce qui concerne les investissements directs étrangers (IDE) et les investissements de portefeuille.
Les investissements directs étrangers : un recul préoccupant et une répartition sectorielle et géographique contrastée

L'une des évolutions les plus marquantes du compte financier en 2023 est la baisse significative du flux net des investissements directs étrangers (IDE). En 2023, le flux net des IDE s'est établi à seulement 11,1 MMDH, en chute de 51,7% par rapport aux 23 MMDH enregistrés en 2022. Cette diminution est principalement due à une baisse des recettes des IDE, qui ont reculé de 14,1%, ainsi qu'à une hausse des dépenses associées aux investissements, qui ont augmenté de 35,8%.
Les raisons de cette baisse sont multiples. D'une part, le climat économique mondial, marqué par des tensions géopolitiques et une incertitude persistante, a pesé sur la confiance des investisseurs. D'autre part, le Maroc doit encore faire face à des défis structurels, notamment en termes de cadre réglementaire et de compétitivité, qui limitent son attractivité pour les investissements étrangers.
En termes sectoriels, les IDE au Maroc en 2023 ont principalement bénéficié au secteur des activités immobilières, qui a capté 53% du flux net total des IDE, soit 5,9 MMDH. Ce secteur est suivi de ceux du transport et de l'entreposage, avec 18,3% des flux, et des activités financières et d'assurance, qui représentent 13,4%. Ces trois secteurs cumulent à eux seuls près de 85% des flux nets d'IDE, reflétant une concentration qui pourrait exposer l'économie marocaine à des risques sectoriels spécifiques.
Sur le plan géographique, la France reste le premier investisseur étranger au Maroc, avec un flux net de 6,8 MMDH, représentant 61,4% du total des IDE. Les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni suivent avec des contributions plus modestes. Cette concentration des flux d'investissements en provenance de quelques pays partenaires souligne la nécessité pour le Maroc de diversifier ses sources de capitaux étrangers afin de réduire sa vulnérabilité aux chocs extérieurs.
Investissements directs marocains à l'étranger : une dynamique en expansion
En contraste avec la baisse des IDE, les investissements directs marocains à l'étranger (IDME) ont enregistré une forte croissance en 2023. Les nouvelles acquisitions en IDME ont atteint 25,6 MMDH, en hausse de 25% par rapport à 2022. Cette expansion est un signe positif de la montée en puissance des entreprises marocaines sur la scène internationale.
Cependant, cette dynamique s'accompagne également d'une augmentation des cessions, qui ont progressé de 22,6%, atteignant 17,1 MMDH en 2023. Le flux net des IDME a ainsi connu une hausse de 30,1%, reflétant une volonté croissante des entreprises marocaines de réinvestir à l'étranger. Cette tendance, bien que prometteuse, nécessite une gestion prudente pour éviter une fuite excessive de capitaux et assurer que ces investissements génèrent des retours significatifs pour l'économie nationale.
Investissements de portefeuille et avoirs de réserve
Les investissements de portefeuille ont constitué un autre point de tension pour le compte financier marocain en 2023. Le solde des investissements de portefeuille a enregistré une baisse drastique de 34,9 MMDH, reflétant une volatilité accrue sur les marchés financiers et une réévaluation des risques par les investisseurs internationaux.
En revanche, les avoirs de réserve ont connu une hausse substantielle de 21,5 MMDH, renforçant la position financière extérieure du Maroc. Cette augmentation est un signal positif, indiquant une gestion prudente des réserves de change, qui constitue un coussin de sécurité crucial en période de turbulences économiques.
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L'évolution du compte financier du Maroc en 2023 met en lumière un ensemble de défis et d'opportunités pour l'avenir. Si le redressement global du solde financier est un signe encourageant, il masque des faiblesses sous-jacentes, notamment la dépendance excessive à quelques secteurs et partenaires économiques, ainsi que la volatilité des flux d'investissements.
Pour maintenir cette trajectoire positive, le Maroc devra diversifier ses sources de financement, renforcer son attractivité pour les IDE et améliorer la gestion de ses investissements de portefeuille. De plus, le développement des entreprises marocaines à l'international doit être soutenu par des politiques incitatives qui encouragent les investissements productifs tout en limitant les risques de fuite de capitaux.
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