Au Maroc, les grandes entreprises affichent une productivité inférieure à celle des PME (Banque mondiale)

Dans l'économie moderne, le secteur privé joue un rôle essentiel dans la croissance économique, les investissements et la création d'emplois. Au Maroc, ce secteur est freiné par diverses distorsions qui empêchent l'exploitation de son plein potentiel. Un rapport récent de la Banque mondiale examine les stratégies pour dynamiser le secteur privé formel, avec l'objectif de stimuler à la fois la croissance économique et la création d'emplois. Détails.

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Au Maroc, les grandes entreprises affichent une productivité inférieure à celle des PME (Banque mondiale)

Le 20 juillet 2024 à 15h10

Modifié 20 juillet 2024 à 11h46

Dans l'économie moderne, le secteur privé joue un rôle essentiel dans la croissance économique, les investissements et la création d'emplois. Au Maroc, ce secteur est freiné par diverses distorsions qui empêchent l'exploitation de son plein potentiel. Un rapport récent de la Banque mondiale examine les stratégies pour dynamiser le secteur privé formel, avec l'objectif de stimuler à la fois la croissance économique et la création d'emplois. Détails.

Le rapport de la Banque mondiale, établi à partir de données exhaustives des entreprises du secteur privé formel, révèle que les grandes entreprises affichent une productivité inférieure à celle des petites et moyennes entreprises (PME). Ce dysfonctionnement, caractérisé par une mauvaise allocation des ressources et un drainage insuffisant des investissements vers les entreprises les plus compétitives, freine la croissance des PME, entraînant ainsi une densité très faible d'entreprises à forte croissance (EFC).

Lever les contraintes structurelles auxquelles le secteur privé est confronté pourrait considérablement améliorer la capacité de création d’emplois et stimuler la croissance économique

L’essentiel des différences entre les niveaux de revenu par habitant entre les pays peut être attribué aux écarts de productivité, c’est-à-dire à la quantité de production que les pays génèrent avec la même quantité d’intrants.

La productivité du travail, qui mesure la production par unité de travail apportée (valeur ajoutée par travailleur), a certes augmenté de manière significative depuis le début du siècle, mais celle des secteurs non agricoles de l’économie marocaine a pris du retard. Il est donc crucial de cibler les secteurs non agricoles pour améliorer globalement la productivité et permettre une croissance inclusive et durable.

Alors comment dynamiser le secteur privé et améliorer sa productivité ?

Pour stimuler le secteur privé marocain et favoriser une croissance économique durable ainsi qu'une création d'emplois efficace, il est essentiel de comprendre les dynamiques actuelles et d'adopter des stratégies adaptées. Cela nécessite de lever les goulots d’étranglement affectant la productivité du secteur privé formel, en ciblant les causes des inefficiences dans l’allocation des ressources.

Voici quelques recommandations de la Banque mondiale pour atteindre ces objectifs :

  • Renforcement de l'environnement concurrentiel : Combler les lacunes dans l’environnement concurrentiel est essentiel pour éviter que les entreprises établies ne s'appuient sur leur pouvoir de marché plutôt que sur des gains d'efficience. Cela favorisera une véritable concurrence et une meilleure allocation des ressources. La création de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’État (ANGSPE) doit renforcer la neutralité concurrentielle des entreprises publiques commerciales sur les marchés où elles opèrent.
  • Amélioration des régulations : Il est crucial de réduire les défaillances réglementaires qui entravent la performance et les incitations des entreprises. Cela facilitera l'entrée sur les marchés et encouragera le processus de "destruction créatrice", où les entreprises non viables se retirent progressivement, faisant place à de nouvelles entreprises plus dynamiques. Une réforme approfondie du cadre réglementaire est nécessaire pour éliminer les contraintes et les obstacles spécifiques auxquels les PME sont confrontées tout au long de leur cycle de vie.
  • Accès égal aux ressources : Assurer un accès équitable aux intrants clés tels que le financement, les services numériques et les travailleurs qualifiés, surtout pour les petites entreprises. Cela est essentiel pour permettre l'expansion des entreprises à fort potentiel de croissance. Les programmes de soutien aux PME doivent être optimisés pour résoudre les asymétries d’information et favoriser un meilleur accès au financement.
  • Lutte contre les pratiques anticoncurrentielles : Depuis l’opérationnalisation du Conseil de la concurrence en 2018, des progrès significatifs ont été réalisés. Toutefois, il est essentiel de continuer à mettre en œuvre des mesures pour prévenir toute collusion future et renforcer les capacités institutionnelles du Conseil. De plus, le Conseil de la concurrence doit intensifier ses activités afin de promouvoir une véritable économie de marché.
  • Réforme fiscale : La réforme fiscale en cours vise à réduire les distorsions qui entravent la croissance des entreprises. La transition vers un taux d'imposition uniforme de 20% d'ici 2026 et la rationalisation des incitations fiscales sont des mesures clés. Une évaluation approfondie est nécessaire pour s'assurer que ces réformes n'exacerbent pas les problèmes d'allocation inefficiente.
  • Soutien aux petites entreprises : Bien que les investissements directs étrangers (IDE) et les grands projets aient été soutenus avec succès, il est crucial de garantir que les mécanismes de soutien ne désavantagent pas les petites entreprises. Une revue des réglementations des programmes de soutien aux PME permettra d'identifier et de corriger les contraintes spécifiques auxquelles ces entreprises sont confrontées.
  • Lutte contre l’informalité : La concurrence du secteur informel est une contrainte majeure pour le secteur privé formel, affectant particulièrement les petites entreprises. Des réformes profondes, comme celles de la santé et de la protection sociale, ainsi que la réforme fiscale, visent à formaliser l'économie. Cela pourrait accélérer la productivité, surtout pour les acteurs économiques ayant un potentiel de survie dans le secteur formel.
  • Amélioration des compétences et des services numériques : L'accès aux compétences est toujours perçu comme une contrainte par les entreprises. Il est crucial de remédier à cette inadéquation des compétences. Les programmes de formation professionnelle doivent être alignés avec les besoins du marché du travail. De plus, l'accès abordable aux services numériques est essentiel, notamment pour les petites entreprises. L'extension des infrastructures numériques et la promotion de l'adoption des technologies numériques doivent être prioritaires.
  • Promouvoir les entreprises à forte croissance (EFC) : Le Maroc a un faible nombre d’entreprises qui parviennent à croître rapidement en termes de main-d'œuvre. Il est essentiel de créer des conditions favorables pour que ces entreprises puissent émerger et prospérer, notamment en soutenant les secteurs à forte valeur ajoutée. Cela inclut le développement de clusters industriels et de zones économiques spéciales pour attirer des investissements stratégiques et stimuler l'innovation.
  • Encourager la création et la dissolution d'entreprises : Bien que la densité d'entreprises ait augmenté, une part importante de ces entreprises sont inactives. Faciliter la création de nouvelles entreprises tout en simplifiant les processus de dissolution formelle pourrait aider à maintenir un environnement entrepreneurial dynamique. Les mesures devraient inclure la simplification des procédures administratives, la réduction des coûts de création d'entreprise, et l'amélioration de l'accès aux informations et aux services de soutien pour les nouveaux entrepreneurs.
  • Analyser et exploiter les données microéconomiques : Utiliser les données au niveau des entreprises (firm level data) pour comprendre les tendances de croissance et de réallocation dans le secteur privé. Cette approche est indispensable pour informer des politiques économiques efficaces. Les efforts doivent être intensifiés pour collecter et analyser des données détaillées sur les performances des entreprises, y compris des informations sur la productivité, l'innovation et l'emploi.

En adoptant ces recommandations, le Maroc pourra dynamiser son secteur privé, améliorer sa productivité et créer des emplois formels, contribuant ainsi à une croissance économique durable et inclusive. Ces mesures doivent s'accompagner d'un cadre institutionnel solide et d'un engagement politique fort pour garantir une mise en œuvre efficace et leur pérennité.

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