Sahara : la surprenante visite de De Mistura à Pretoria suscite des interrogations

Les nombreuses interrogations suscitées restent pour le moment sans réponse. Ni le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, ni la ministre sud-africaine des Affaires internationales n'ont fourni le moindre début d'explication.

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Sahara : la surprenante visite de De Mistura à Pretoria suscite des interrogations

Le 1 février 2024 à 17h45

Modifié 1 février 2024 à 17h45

Les nombreuses interrogations suscitées restent pour le moment sans réponse. Ni le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, ni la ministre sud-africaine des Affaires internationales n'ont fourni le moindre début d'explication.

Ce mercredi 31 janvier, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU donnait son point de presse quotidien. Des questions lui ont été posées au sujet de la visite à Pretoria que vient d'effectuer Staffan de Mistura, envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara. Des journalistes s'interrogeaient sur le sens à donner à cette visite. Les réponses ont été générales et non convaincantes.

Stéphane Dujarric, le porte-parole, a affirmé que le mandat de l'Envoyé personnel, consistait "à parler à qui il pense devoir s'adresser, aux États membres et à d'autres". Il a ajouté que "certaines choses doivent être engagées dans une diplomatie discrète. Et parfois, il faut faire les choses sans embarras. De Mistura rend régulièrement un rapport au Conseil de sécurité".

La visite de De Mistura en Afrique du Sud, "à l'invitation du gouvernement sud-africain", va "compliquer davantage le dossier du Sahara", nous déclarait, le mercredi 31 janvier, Ahmed Faouzi, ancien diplomate et analyste diplomatique. Notre interlocuteur estimait toutefois qu'il fallait attendre la fin de la visite, et toute communication éventuelle autour, pour pouvoir se faire une opinion définitive. C'est désormais chose faite, puisqu'en plus de la "déclaration" du porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères a également donné sa version.

La version sud-africaine

Grace Naledi Mandisa Pandor, la ministre sud-africaine qui s'est réunie avec De Mistura, a livré une déclaration citée par la presse sud-africaine, qui relève davantage de la propagande et des incantations que de la rationalité.

"Aujourd'hui, j'ai eu une réunion vraiment excellente avec l'envoyé personnel du Secrétaire général Staffan de Mistura. Cela ne fait que poursuivre le rôle que nous espérons jouer pour faire progresser la cause de ceux qui continuent de souffrir de préjudices et de désavantages. En tant que Sud-Africains, nous devons tous travailler dur dans la lutte contre l'apartheid, et nous devrions nous rappeler que beaucoup ont été solidaires avec nous à l'échelle internationale [Ce fut le cas du Maroc, mais elle semble l'oublier, ndlr]. Ainsi, nous estimons aujourd'hui, en tant que Sud-Africains, que nous devons soutenir les autres qui sont opprimés. La manière dont nous avons mené notre lutte pour la liberté nous impose une obligation particulière de faire de même pour les autres, et non pas simplement de profiter de notre liberté et d'avoir accès aux droits de l'Homme, ainsi qu'à une large gamme d'opportunités offertes par la liberté. Il est important de prendre en considération ceux qui ne bénéficient pas de ce que nous avons, et certains d'entre eux ont peut-être même soutenu notre cause alors qu'ils vivaient dans des conditions difficiles. C'est dans ce contexte que je pense que nous assumons certaines de ces obligations. On me demande souvent pourquoi, et j'essaie d'expliquer cette responsabilité particulière que l'Afrique du Sud a de promouvoir cette notion de solidarité internationale, et comment nous devons désormais faire vivre ce concept en façonnant également la solidarité internationale dans l'intérêt des autres".

L'analyse d'Ahmed Faouzi

"La ministre n'a pas dévié de la politique que mène l'ANC en soutien aux soi-disant peuples opprimés selon la doxa sud-africaine. Si cette politique dogmatique est poursuivie par ce parti, c'est toute l'Afrique qui en paiera les frais par l'irruption de nouveaux États. La réalité est tout autre, c'est que ce pays ne dispose pas de véritables partis politiques puissants comme l'ANC pour porter la contradiction et gouverner autrement. Je pense que De Mistura n'avait pas à se déplacer et aurait pu rencontrer la ministre sud-africaine à New-York ou ailleurs".

"Un déplacement qui ressemble à une convocation"

"Son déplacement ressemble plus à une convocation pour lui dicter une démarche qu'à une invitation pour échanger sur un sujet qui ne concerne ni l'Afrique du Sud ni sa région. Aller démarcher Pretoria sur un sujet qui ne la concerne pas de près est une attitude vaine qui n'ajoute rien à ce dossier. Cela va diluer encore plus toute possibilité d'y trouver une issue favorable comme le préconise le Conseil de sécurité", ajoute notre source.

"Dans tous les bons offices que Pretoria a menés, les échecs ont été flagrants. En RDC et lors de la confrontation entre l'ex-président Mobuto et Kabila, Pretoria avait suggéré à ce dernier de ne pas entrer à Kinshasa, lui volant sa victoire alors qu'il était aux portes de Kinshasa. Lors de la crise ivoirienne, l'ex-Premier ministre sud-africain a fait pression pour qu'Alassane Ouattara accepte de partager le pouvoir avec Laurent Gbagbo, ce que Ouattara a catégoriquement refusé, lui qui avait gagné les élections. Quant à la crise libyenne, Pretoria a abandonné Kadhafi à son sort malgré les promesses qui lui avaient été faites", rappelle Ahmed Faouzi.

"Sur ces trois crises, RDC, Côte d'Ivoire et Libye, l'Afrique du Sud n'a jamais brillé par l'originalité de ses approches. Pour beaucoup d'Africains, en tant que nouvelle nation gouvernée par l'ANC, l'Afrique du Sud méconnaît totalement l'histoire du continent africain, et spécialement l'Afrique francophone et l'Afrique du Nord", conclut-il.

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