La Tunisie en crise politique et sécuritaire face au terrorisme
Les islamistes au pouvoir en Tunisie et leurs détracteurs poursuivaient mercredi leur bras de fer politique autour du sort du gouvernement après l'assassinat d'un opposant et une attaque sanglante contre l'armée qui ont montré l'ampleur de la menace «terroriste».
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Le 31 juillet 2013 à 10h00
Modifié le 31 juillet 2013 à 10h00Les islamistes au pouvoir en Tunisie et leurs détracteurs poursuivaient mercredi leur bras de fer politique autour du sort du gouvernement après l'assassinat d'un opposant et une attaque sanglante contre l'armée qui ont montré l'ampleur de la menace «terroriste».
Ajoutant encore à la tension, les autorités ont annoncé qu'une patrouille de gendarmes avait été visée par un engin explosif artisanal télécommandé dans la nuit sans faire de dégâts ou des victimes. Le directeur de la Garde nationale de Mhamdia (30 km au sud de Tunis), Mohamed Jouhri, a indiqué à l'antenne de la radio Shems-Fm être sûr que l'engin visait ses troupes : «Cette zone est connue pour les patrouilles 24H/24 de la Garde nationale. Ceux qui ont posé cette bombe le savaient».
Aucune piste n'a été évoquée, alors que lundi huit militaires ont été sauvagement tués dans une embuscade au mont Chaambi (ouest, frontière algérienne), une zone où un groupe armé lié à Al-Qaïda selon les autorités est traqué depuis des mois.
Les islamistes d'Ennahda, qui dirigent le gouvernement, et l'opposition prônent tous l'union nationale dans ce contexte, mais les premiers veulent maintenir leur contrôle sur le cabinet quitte à l'élargir, alors que les seconds réclament une refonte totale de l'équipe au pouvoir voire même la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) élue en octobre 2011 mais dont les travaux sont paralysés.
Chaque camp organise la nuit, après la rupture du jeûne, des manifestations à Tunis et en province qui sont régulièrement émaillées de heurts même si jusqu'à présent le nombre des manifestants reste modéré. L'impasse politique, associée à la menace «terroriste», inquiète vivement l'ensemble de la presse qui craint que la Tunisie ne bascule dans le chaos. Le Quotidien estime que «la Tunisie s'est progressivement empêtrée dans un infernal cycle de violence qui risque réellement de l'anéantir». «A défaut d'un gouvernement attentif et responsable et d'une ANC à la hauteur de leur confiance, les Tunisiens sont appelés à compter sur eux-mêmes pour affronter l'hydre du terrorisme», juge le journal.
Plus nuancée, La Presse relève les responsabilités d'Ennahda et de ses alliés laïques «face à la défaillance sécuritaire» mais ce quotidien appelle les forces politiques des deux camps à faire preuve de pragmatisme. «La raison et la modération sont de mises si l'on veut sauver le pays du danger qui le guette», note ce journal. Du côté des analystes, l'attaque sanglante de Chaambi et les assassinats prêtés à la mouvance jihadiste des opposants Mohamed Brahmi la semaine dernière et de Chokri Belaïd en février témoignent d'un échec de la politique vis-à-vis des islamistes radicaux, alors que l'opposition ne cesse de taxer Ennahda de laxisme à l'égard des extrémistes. «Le gouvernement n'a pas pris au départ de position claire vis-à-vis des groupes salafistes (...) et aujourd'hui il en faut une très sévère pour assainir le climat dans le pays, il faut une feuille de route claire sinon on laisse la porte ouverte à ce genre d'actes», relève Haykel Ben Mahfoudh, expert au Centre pour le contrôle démocratique des forces armées, un institut d'expertise. Il note aussi que «les forces armées sont épuisées par la longue période transitoire» actuelle en référence à l'état d'urgence en vigueur depuis la révolution de janvier 2011 et qui amène l'armée à assurer la sécurité urbaine jusqu'à l'abord des centres commerciaux. Une situation d'autant plus inquiétante que les méthodes employées à Chaambi, embuscade avec mutilation des victimes, «porte l'empreinte des jihadistes armés de l'Algérie des années 1990», dit encore M. Ben Mahfoudh.
Sur le plan institutionnel, malgré les promesses d'élections le 17 décembre 2013 formulées lundi par le Premier ministre Ali Larayedh, aucune avancée n'est en vue. Une soixantaine de députés sur 217 boycottent l'ANC pour en obtenir la dissolution, et parmi les autres aucun compromis n'est en vue sur le projet de Constitution en cours de rédaction depuis octobre 2011, condition pour la tenue d'un scrutin et d'institutions pérennes.
(Par AFP)
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Le 31 juillet 2013 à 10h00
Modifié 31 juillet 2013 à 10h00